dimanche 6 novembre 2011

récit de voyage et d'ascension au Kirghystan

Fin Aout, Antoine Cayrol, Fred Mazières et moi nous rejoignons via Roissy les montagnes du Pamir Alai, au sud du Kirghystan. L'Objectif: Pérestroicrack, 800m ED 6C A2 oblig. Après plus de 24 h00 non stop de voyage et 2 jours de marche (60 km) on arrive au camp de base au pied de l'objectif. La prairie rappelle la Patagonie et Antoine avoue que ce lieu est dans les plus beau CB qu'il a fréquenté: arbres noeux et tordus par le vent, prairie rase de montagne, blocs épars, rivière torrentueuse et glacier en ligne d'horizon, le tout surmonté par des faces granitiques de 1000 m minimum! Arrivé à 9h00 du soir après 30 km et 1000 m de dénivellée nous déchargeons les mules, l'occasion pour nous de découvrir l'origine du noeud éponyme (noeud de mule).

Cette immersion expresse dans la nature sauvage, isolé de la modernité, est presque brutale. L'escale à Bichtec où le directeur de l'agence Tian Chan Travel nous a donné en 2 minutes tentes et contacs avec le cook semble être un rêve. Après le passage rapide à Batken, pour faire les courses (pour 17 jours) et rencontrer notre cook: Amir Beck, nous avons directement pris le camion pour Briko place, lieu du départ du treck. Nous avons, dans un état presque second ( sommeil, décalage horaire et petit choc culturel), aperçu quelques éléments de la civilisation Kirghyse. Les traces de l'empire soviétique transpirent à chaque batiment un peu important. Les normes d'hygiènes sont bien différentes de chez nous et les mouches s'en donnent à coeur joie. Nous changeons nos euros contre des soms dans une voiture garée sur un parking, Les hommes ont pour beaucoup la tête des méchants dans les film occidentaux, le fait qu'il parlent russe ou kirghyse renforce le trait! Par contre, malgré les traces multiples de la pauvreté ambiante, il y a une propreté: des rues, des personnes: ce qui est presque inhabituelle pour un cadre pareil.

Au camp de base, seule la nature et les étoiles nous accueille, le dépaysement est presque moins grand pour qui à l'habitude de camper en montagne. Le premier soir nous entamons notre 3 ième ragout de la journée: mouton/bouc/mouflon/chèvre avec appétit. Le 30ième d'affilée nous forcera quand même un peu!matin, midi et soir c'est en effet ragout. En se couchant sous la voute céleste, l'isolement se fait vraiment sentir, il est palpable. Nous sommes ici à 100 km de la ville la plus proche, avec un cook et ne pouvons compter que sur nous même, pour de vrai.

Le matin Amir nous réveille pour le ragout et communiquer avec lui s'avère être une expérience intéressante et rappelle le "discours" de tarzan avec Jane! En cours de séjour, des chasseurs de bouquetins et bergers ainsi que des "cow boy à cheval" passerons au camp, pour une halte thé. Omniprésent thé ( tchai), qui rythme la journée et les rapports humains dans le monde musulman. Ici les vaches sont à l'estive et elles sont en liberté, bloquées en amont par le glacier et en aval par le verrou glacaire. Toutes les montagne générent les même adaptations des hommes, étagement des cultures et migration saisonnière des bêtes: ce qui permet de conclure que le Cantal est une montagne .

Ce premier jour sur place nous réalisons,  pour prendre contact avec le rocher la voie "missing mountain" de 580 m, nous mettons 9h00. Cela nous permet d'approcher l'objectif et de voir la classe "top mondial" de cette fissure de pérestroicrack, ouverte au début des année 90 par des français. Le rocher de Missing était classe mais au dessus cela semble meilleur encore!

Un jour de repos au CB suit cette ascension. L'occasion de faire la toilette dans le torrent ( pas chaud du tout) et nous préparons les affaires pour le lendemain, le grand jour: attaque de l'objectif. Nous choisissons une option sécurité avec un matériel de bivouac chaud et de l'eau et de la nourriture. Nous ne tentons pas de passer dans la journée, craignant le coup de pompe et la météo. De plus nous n'avons put nous entrainer en escalade granitique avant de partir car nous faisions notre saison. Nous partirons lourds avec 2 sacs de hissage pour le bivouac à R 4 sur une grande vire et ensuite on essaiera de sortir pourquoi pas dans la journée. Les plus rapides jusqu'à présent sont sortis en 28h non stop depuis le CB ( récit dans les "cartes de postales de la vire" de Greg Child aux éditions Guérin).

Nous démarrons donc au petit matin du 3 septembre avec 20 kg chacun dont 12 l d'eau, pour les 2 h de pierrier. Nous attaquons les 4 premières longueurs. Antoine est en tête et avec Fred nous grimpons en hissant les sacs tels des déménageurs verticaux. Après 4 longueurs en V, nous arrivons sur la plate forme et, après que j'ai gravis la longueur suivante en 6b et fixé la corde, on commence à s'installer. Fred est malade et il veut descendre. En cherchant vers l'endroit le moins haut; on trouve un relais. Cela va être possible. C'est bien à contre coeur que nous le descendons, utilisant pour cela la technique du rajout de corde sous tension, car il y a plus de 70 m et il faut nos deux brins de 50 m attachés entre eux pour qu'il atteigne le sol.

La nuit est grandement étoilée et je me demande si les gens qui nous sont chers sont parmi elles.

A 5h, réveil et après un petit dejeuner consistant, nous plions notre matériel lourd dans un sac de hissage et nous le jetons au bas de la paroi pour le récupérer au retour. Nous faisons l'autre sac que nous amenons avec un duvet, 2 doudoune et 4 litre d'eau plus 8 Mars. Tel des marins nous largons les amarres. Après avoir remonté au "jumar" le 6b fixé la veille, Antoine par en tête. Les longueurs et les heures passent. Nous hissons le sac derrière nous et cela nous fatigue et fait perdre du temps. Le rôle du troisième homme doit être compensé avec cette tactique par de la sueur en plus. . Antoine se donne dans une longueur pas facile du tout: 6c oblig/ A 2 je pense. Vers 17h nous faisons le point. On va bivouaquer c'est sûr! Mais atteindrons nous la vire qui est 4 longueurs plus haut avant la nuit. Après une brève discussion, il est décider de continuer. Je prend la tête à R 14 pour du 7 b que j'ai vite fait de transformé en A 1 new age. Et la nuit tombe à R 16. Antoine reprend la tête jusqu'à la vire, il est 1h du matin et cela fait 18h que nous avons attaqué. Nous pouvons enfin nous allonger tels des rapaces sur leurs aires. Notre chambre, à 800 m du sol, large comme un canapé, était devenu inespérée. Nous mangeons notre Mars et nous endormons plus ou moins jusqu'à 9h. Il reste un litre d'eau et nous comptons les gorgées désormais avec Antoine; A 10h, je repart devant pour un 6a fissure que je trouve plus dur qu'un 8a à Carlat! Il reste 6 longueurs et on sent le parfum du sommet mais il faut rester concentrer. Il faut que les relais soient solides pour hisser le sac! Le vide s'est creusé et nous évoluons 1200 m au dessus du CB. Si loin pourtant. Vers 15h, nous sommes au sommet de la Tour Russe, à 4250 m, 3 jours après notre départ. La descente se déroule sur un pierrier et des crêtes avec quelques passages scabreux où quelques frissons imprévus se sont invités. Toutefois elle est moins pire que ce que la description de Greg Child nous laissait entrevoir. La soif nous étreint et les sacs sont bien lourds = peut etre plus de 15kg. Nous avons mangé un mars depuis le matin et le plaisir est immense devant la source trouvée après 2h00 de descente. Plaisir vite passé quand on a vu qu'il fallait descendre en rappel au milieu d'une cascade un peu plus bas! Cette immense gorge est le théatre de glissement de terrain et torrents de boue redoutable smais pour nous la descente fut une agréable surprise tout de même! Encore deux rappel et le CB, avec Fred et Amir est un paradis. Je suis sûr que ce soir là nous avons apprécié des choses simples: comme un ragout!!!

Ce ragout que l'on soupçonne d'avoir causé bien des tourments à l'équipe pour le reste du séjour.

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